lundi 16 juillet 2007

Une antiquité


J'ai toujours vu le petit coffre dans le grenier. Il était recouvert d'une cretonne fleurie, d'un rose affadi, usée par le temps.

Quelques mois avant mon mariage, ma belle-soeur Thérèse me demande si je veux bien troquer ma valise de couvent contre le petit coffre. Son fils Roger s'en allait pensionnaire dans un collège et il lui fallait une valise. Comme les deux contenants sont de même dimension, tu pourrais transférer ton trousseau de l'une à l'autre... J'ai eu peine à dissimuler mon hésitation. Je me voyais perdre au change. Mais le coeur l'a emporté. Toute contente, Thérèse m'apporte le coffre bien nettoyé et m'aide à transposer couvertures, draps et serviettes de mon trousseau dans son nouvel habitacle. Deux ans plus tard, voilà que notre coffre trouve une nouvelle vocation: bac de rangement pour les jouets de notre petit Yves.

Un jour, Claude découvre, par un angle dégarni, que le petit coffre est assemblé en queue d'aronde. Les questions fusent: «D'où vient ce meuble? Depuis quand était-il chez nous?»

La réponse vient de mon père, confirmée par Oncle Victor, notre historien: «Ce coffre appartenait à notre aïeul François Tremblay. Il contenait le bagage de celui-ci, âgé de 19 ans, lors de son arrivée au Saguenay en 1838 avec la Société des Vingt-et-un.»

J'avais donc hérité par hasard d'une pièce patrimoniale de la toute première heure de mon histoire familiale en terre saguenéenne. Loin d'avoir perdu au change, j'avais en main une antiquité significative.

Bien décapé, le petit coffre depuis, fait oeuvre de boîte à bois pour le foyer. Il alimente la flamme du souvenir et me parle au cœur.


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