lundi 16 juillet 2007

Les surprises


Enfants, faire des surprises à maman était d’un tel plaisir que même les tâches fatigantes devenaient légères et agréables. L’attitude de maman y était sans doute pour quelque chose : sa surprise et sa joie semblaient si réelles que nous étions comblées.

Notre défi était de ne pas attirer son attention quand par exemple on se levait le matin à l’heure des poules pour aller sarcler le jardin.

Gillot, la plus grande des petites, faisait la répartition des tâches. Elle confiait à Marie et à moi les rangs des plantes à feuilles larges, faciles à identifier, comme les gourganes et les fèves. Les rangs de carottes et de fines herbes dont les feuilles courtes et étroites ne sont pas faciles à distinguer demeuraient sa responsabilité et celle de Madeleine.

À genoux sur une poche de jute nous allions avec entrain tout en jetant de temps en temps un œil sur l’avancement des autres. Nous avions parfois le temps de sarcler de longs rangs du potager avant que maman nous arrive toute surprise et ravie de découvrir ses vaillantes à l’œuvre. La voir heureuse était notre récompense, mais sans l’avoir sollicitée, elle nous donnait comme prime 10 sous du rang…

Il y avait aussi une autre surprise que nous aimions bien faire à notre mère : revenir des framboises en simulant en avoir peu cueillis. Une de nous quatre rentrait la première en montrant son «videux» à moitié vide… Maman disait : «Comme c’est dommage. Vous avez marché si loin par cette chaleur et vous en avez trouvé à peine pour une tarte.»

Les trois autres faisaient alors irruption dans la maison en riant et déposaient à ses pieds deux grandes chaudières remplies de fruits vermeils!

C’était le bonheur… et cela nous valait un beau bec…!

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