Ce fut pendant les fêtes du tricentenaire de la découverte du Lac St-Jean (1947) où j’ai rencontré Raymond que j’aimais bien et Claude que j’ai tout de suite aimé.
Un soir, Claude étant à la maison, nous arrive, sans s’être annoncé, le beau Raymond tout fringant d’assurance. Il entre du côté de la cuisine et voit au salon d’un coup d’œil en enfilade mes sœurs avec leur cavalier et… Claude assis près de moi.
Mal à l’aise devant cette situation, il dit à mon père : «Je pense bien que je mange de l’avoine à soir!»
- Tu es capable de faire face à la musique, lui dit Papa.
Il ne pouvait dire mieux au talentueux musicien qu’était Raymond.
Mon ami salue la compagnie et va droit s’asseoir au piano.
J’ai eu droit au plus touchant récital. Le piano servit d’exutoire à son cœur blessé. Les morceaux les plus romantiques défilèlent sous ses doigts pour terminer par quelques pièces à message : Papillon tu es volage; Plaisir d’amour ne dure qu’un moment, chagrin d’amour dure toute la vie…
Dès la fin de son récital inattendu, il salua de nouveau la compagnie et prit la porte…
Je sais pertinemment que son chagrin a duré toute sa vie. Il me l’a confessé l’an passé avant de mourir.
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