lundi 16 juillet 2007

Madame Belley


Nous venons à peine de rentrer de voyage de noce, les valises ne sont pas rangées, une vieille dame frappe à notre porte.

Elle se présente : «Je m’appelle Lydia Jean Belley. C’est moi qui étais propriétaire des lots où est bâti le quartier. J’habite pas loin d’ici. Comme j’ai su que vous étiez avocat et vous la nièce de Monseigneur Victor Tremblay, je suis venue vous demander votre aide.»

Sitôt assise, elle commence : «J’ai rêvé que je verrais une église sur ma terre avant de mourir, mais je ne sais pas comment m’y prendre. Vous qui êtes instruits, pourriez-vous m’aider?»

Claude lui dit qu’il serait bon de consulter quelqu’un du milieu clérical. Comme nous devons rencontrer bientôt Oncle Victor, il lui promet qu’il en profitera pour lui demander son avis. Pleine d’espérance, cette chère dame prend congé.

En effet, Oncle Victor nous donna le conseil suivant : «À notre évêque vieillissant, il faut non pas des problèmes mais des solutions.»

Un comité de fondation se met à la tâche et se procure les terrains pour la future église. Le projet réunissant tous les critères usuels, il ne reste plus qu’à rencontrer l’évêque et obtenir son acceptation. Les membres du comité estiment qu’ils ne pourront vaincre les réticences épiscopales sans la présence de la colorée Madame Belley.

Pour la circonstance, sa fille Gertrude, fleuriste de profession, lui propose de s’acheter une belle toilette. «Voir si Monseigneur connaît mon linge!» Mais sa fille insiste. La veille de la rencontre, Gertrude fait livrer au nom de sa mère un superbe bouquet de fleurs à son Excellence Mgr Melançon.

C’est donc toute de mauve vêtue (la robe, le chapeau, les gants… même le parapluie!) que Madame Belley, avec la cohorte du comité, se présente timide et confiante devant son évêque.

Elle laisse les membres de la délégation exprimer la requête. Son attitude silencieuse parle à sa manière… puisqu’à la fin, Monseigneur lui dit : «Chère dame, je vous promets de considérer votre demande si bien présentée.»

Alors, dans un mouvement spontané, elle ose : «Ça me gênait de venir vous voir, Monseigneur, mais je vous trouve plaisant.»

Qui sait si ce fut ce mot ultime qui remporta le morceau, puisque peu de temps après, l’évêque lui annonça qu’elle aurait son église.

Le rêve et la détermination de Dame Belley nous aura permis de vivre avec notre famille dans la paroisse Saint-Raphaël de Jonquière, une des plus dynamiques du diocèse.


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