lundi 16 juillet 2007

Minette


C
ela fait déjà 20 ans et j'y pense encore. Minette avait une façon bien particulière de me toucher le cœur. Elle nous était arrivée un jour, par Jean qui l'avait eue je ne sais où. Je m'y suis attachée.

Quoique très indépendante, cette chatte possédait un flair et une compassion qui tenait du mystère. Par exemple, lorsque j'avais à cette époque des crises de migraines terribles qui m'obligeaient à me coucher dans l'obscurité de ma chambre, chaque fois, Minette poussait la porte, sautait légèrement sur le lit, montait doucement sur moi depuis les pieds jusqu'au menton. Là, toute allongée sur ma poitrine, elle me ronronnait des sons touchants, accompagnés d'un mouvement en cadence de ses pattes avant. Allez comprendre...

Un jour Minette a senti sa place prise. Ariane nous est arrivée. Comment expliquer à Minette que notre petite-fille ne changeait rien à nos sentiments envers elle. Rien à faire. Dans sa cervelle de chatte, notre maison était son territoire. Et pour l'exprimer, elle sauta sur le couffin d'Ariane et lui projeta des sons agressifs au-dessus du visage. Il n'en fallait pas plus pour que Yves, jeune papa, me mette en demeure de choisir: «Maman, c'est Minette ou Ariane!» Dès lors, Claude et moi avons décidé de mener notre chatte à la S.P.A. à Chicoutimi.

Minette encore une fois par un mystérieux instinct a tout senti. Elle s'est cachée dans des endroits inhabituels pour se soustraire à la boîte. Finalement, après une course effrénée, Claude a réussi à l'attraper, l'a déposée dans ladite boîte et en a refermé le couvercle. En un temps, Minette a tout fait sauter et s'est encore une fois sauvée dans un coin caché de la maison. Le lendemain, reprise de la scène avec multiple ficelage de la boîte sous les plaintes déchirantes de la prisonnière. Nous nous sentions des traitres.

Tout le long de la route vers la fourrière, Claude se sentait comme un SS menant une innocente au four crématoire.

Je pense encore à elle. Dimanche dernier, sur la rue nous avons croisé une chatte tachetée noir, jaune et blanc. «À qui penses-tu?» demandai-je à Claude. Vous devinez la réponse...

Aucun commentaire: