lundi 16 juillet 2007

L'inspecteur


Dans nos écoles d'autrefois, l'inspecteur était un personnage influent et redoutable. Il faut dire que sa nomination tenait souvent plus du politique que du quotient intellectuel. Je l'ai appris personnellement.

J'enseignais alors à Chicoutimi au niveau primaire. J'aimais mes «petits» et ils m'aimaient bien. La directrice, une religieuse du Bon-conseil, m'appréciait aussi. Tout allait bien jusqu'à ce que l'inspecteur Poulain me donne une note équivalant à un échec, non pour mon incompétence pédagogique mais pour activités «immorales» dans mes loisirs.

L'inspecteur avait ouï dire que je dansais avec Les Amis du Tréteau, une jeune troupe de théâtre du Saguenay à laquelle était associée une école de ballet où je suivais des cours. Monsieur l'inspecteur décréta qu'«une enseignante ne peut se permettre d'exhiber ses cuisses sur une scène.»

Par ce décret, monsieur l'inspecteur venait de signer ma fin de carrière dans l'enseignement sans autre forme de procès.

Je consulte oncle Victor en qui j'ai confiance. Je lui parle de la tuile que je viens de recevoir. Sa réaction (tout saint prêtre qu'il soit) n'a pas tardé: «T'occupes pas de Poulain. C'est un être obtus.»

Heureusement, il y avait un moment que le propriétaire du Royaume de l'Élégance me sollicitait pour travailler à plein temps dans son magasin. J'acceptai ce travail que j'aimais et... j'ai continué mes cours de danse.

Bye, bye, monsieur l'inspecteur!


Aucun commentaire: